Billet du curé …
L’ultime serviteur – le Fils lui-même - est rejeté ; la Bonne Nouvelle n’est pas accueillie. La parabole de Jésus en ce dimanche résume en quelques images l’Histoire Sainte. Dieu qui ne cesse de prendre soin de son peuple mais la réponse est loin, très loin de celle attendue. L’amour est déçu.
Enfant, j’entendais mon père dire en passant sur une route : « tiens ! M. untel ne doit pas être en forme sa vigne est en friche. » Une vigne négligée se voit immédiatement.
Il y a du mensonge, de la violence, des trahisons constate Jésus dans la vigne du Seigneur qui est la maison d’Israël. Jésus sait qu’il sera rejeté, tué. Les vignerons qui devaient n’être que gérants, témoins de la Bonne Nouvelle d’un Dieu miséricordieux, se comportent en propriétaires.
Cet Évangile est pour nous. Le Seigneur nous a confié les biens du Royaume. Il nous a confié la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Nous sommes envoyés pour en être les messagers.
Mais nous ne devons pas oublier que nous ne sommes pas à notre compte. La mission est d’abord l’affaire du Seigneur. Nous vivons dans un monde qui cherche à le mettre dehors. Mais son amour crucifié sera plus fort que tout. C’est avec/en lui que notre vie portera du fruit.
Du mal (la Pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle Ps 117,22) va sortir un bien. Pensons au triple reniement de Pierre qui deviendra une triple réponse d’amour. L’infinie délicatesse de Dieu permet à Pierre de découvrir son péché, son besoin de conversion et une confiance plus grande encore. Confiance plus grande non en ses propres forces mais en la grâce, la force de Dieu. Il en est de même pour nous quand, éclairé par l’amour de Dieu, nous découvrons que notre réponse n’est pas ajustée dans nos propres vies et peut-être autour de nous.
En ce jour, nous célébrons St François. En voulant se faire « frère mineur » il a bien senti qu’en son temps il y avait quelque chose d’injuste en rapport avec ce royaume de Dieu. Des gens n’avaient aucune parole dans la société (des mineurs au sens social). François a voulu les rejoindre et leur dire, à sa manière, « vous avez du prix aux yeux du Seigneur ! ». Il invente la représentation de la crèche non pas pour créer un décor mais pour dire aux plus pauvres (au mineurs) : le Seigneur a partagé votre condition, il est venu pour vous.
Qu’en est-il pour nous de notre propre conversion ? De notre regard sur le monde qui nous entoure ? Quelles injustices ? Où devons-nous rendre présent le Seigneur ? Le Seigneur nous fait les serviteurs de sa vigne. Deo gratias ! Que nous en soyons trouvés dignes. « Tu ravives toujours les forces de ton Eglise par la foi dont témoignent les saints et tu nous montres ainsi ton amour. Aujourd’hui, Nous te rendons grâce car leur exemple nous stimule et leur prière fraternelle nous aide à travailler pour que ton règne arrive. » (Cf. préface des saints n°2). Que le Seigneur nous éclaire afin d’être de plus en plus ajustés à la pierre d’angle qui est Jésus.
Très bon dimanche.
Jean-Baptiste GLESS