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4ème dimanche de Pâques - 3 mai 2020

 

Ce quatrième dimanche de Pâques oriente chaque année la prière et la réflexion de l’Eglise vers les vocations aux divers ministères. Quand il parle de lui-même dans l’évangile selon saint Jean, Jésus utilise un vocabulaire varié. Aujourd’hui, il se présente dans le chapitre X comme le bon pasteur et comme la porte des brebis. Dans l’extrait de ce chapitre, écoutons d’abord la parabole du vrai berger.

Jésus parlait ainsi aux pharisiens :

 

« Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie

sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit,

celui-là est un voleur et un bandit.

Celui qui entre par la porte, c’est lui le pasteur, le berger des brebis.

Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix.

Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.

Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête,

et elles le suivent, car elles connaissent sa voix.

Jamais elles ne suivront un étranger, elles s’enfuiront loin de lui,

car elles ne reconnaissent pas la voix des inconnus. »

Jésus employa cette parabole en s’adressant aux pharisiens,

mais ils ne comprirent pas ce qu’il voulait leur dire.

 

Jésus reproche sans doute aux pharisiens leur rigorisme. Leurs interprétations moralisatrices de la Loi et leurs discours dogmatiques ont pris le pas sur les appels à la miséricorde de Dieu. Ils ont trahi l’esprit de la Loi et par leur intransigeance vis-à-vis des pécheurs et des pauvres, ils ont fait œuvre de destruction et de désespérance dans leur cœur. Ce n’est pas ainsi que Jésus présente sa mission. Les images de la parabole, en peu de mots, insistent sur l’aspect essentiel de tout ministère pastoral. C’est d’abord à sa voix – soulignée à deux reprises –, au ton et à la manière de parler aux brebis que celles-ci le reconnaissent, et c’est après l’avoir reconnu ainsi, qu’elles écouteront vraiment sa parole et le suivront avec confiance. Ce qui suppose que la relation entre elles et lui est familière, qu’il connaît personnellement et appelle chacune par son nom. Elles forment un même troupeau, mais chacune garde sa singularité, sa relation intime et personnelle avec l’unique berger. Sa parole retentit dans leur cœur, autrement que les injonctions étrangères et impersonnelles de ceux qui leur parlent d’en-haut et ne produisent en elles que l’envie de se tenir loin de lui. Notons aussi que le vrai berger les fait sortir, au lieu de les emprisonner dans leur enclos. Il les accompagne et marche à leur tête pour les guider et ainsi les conduire et les protéger de tout danger.

 

Comme les pharisiens n’ont pas compris qu’ils étaient visés et concernés, Jésus ajoute une seconde parabole à la première.

 

« Amen, amen, je vous le dis : je suis la porte des brebis.

Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs et des bandits ;

mais les brebis ne les ont pas écoutés.

Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ;

il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage.

Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire.

Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie,

pour qu’ils l’aient en abondance. »

 

Tout ministère dans l’Eglise est orienté vers le Christ qui se présente comme le vrai berger et aussi la porte des brebis. Une porte frontière ouverte entre deux mondes : celui de Dieu et celui des hommes.

 

Une porte du ciel qui s’est ouverte à la terre, lorsque Dieu a pris chair de notre chair, et qu’il est venu partager notre condition humaine. Une porte qui a ouvert une brèche de réconciliation, qui a laissé pleuvoir une rosée de bienveillance, une pluie fécondante de miséricorde. Réconciliation, bienveillance, miséricorde, manifestées et réalisées en Jésus le bon pasteur. L’Eglise doit avoir comme souci premier le service du monde.

 

Une porte de la terre aussi qui s’est ouverte vers le ciel. Désormais le don total que le Christ a fait de sa vie permet aux hommes pécheurs d’avoir part à la sainteté de Dieu, car Jésus leur frère est assis à sa droite, dans son royaume où il leur prépare un festin. Désormais, il leur est donné de ne plus rester enfermés et esclaves entre les murs de leurs prisons ou de leurs forteresses. Ceux qui passent par lui, ceux qui franchissent grâce à lui la porte du salut accèdent à la liberté de Dieu : ils peuvent aller et venir librement et vivre déjà selon le monde divin des verts pâturages annoncé par le psaume 22.

 

Le premier des ordres qualifiés de « mineurs » qu’exerçaient certains chrétiens dans l’Eglise primitive, et que recevaient les futurs prêtres jusqu’au « motu proprio » décidé par Paul VI en 1972 est celui de « portiers ». Les chrétiens ont tous vocation de portiers et particulièrement chaque personne qui est revêtue d’un ministère, d’une charge pastorale. Ils sont appelés à être veilleurs aux portes et ouvreurs de portes, ayant comme mission d’accueillir ceux qui se présentent et de les guider vers la porte ouverte qu’est le Christ. Portier, c’est-à-dire encore, ayant comme lui la porte de leur cœur toujours grande ouverte. A Pierre, comme à toute l’Église, est confiée la mission de portier, pour que tout homme reconnaisse et suive celui qui est la porte du salut et de la connaissance de Dieu. A sa manière, Pierre adresse le même message à la foule, le jour de la Pentecôte.

 

Pierre, debout avec les onze autres Apôtres,

avait pris la parole ; il disait d’une voix forte :

« Que tout le peuple d’Israël en ait la certitude :

ce même Jésus que vous avez crucifié,

Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ. »

Ceux qui l’entendaient furent remués jusqu’au fond d’eux-mêmes ;

ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? »

Pierre leur répondit : « Convertissez-vous,

et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ

pour obtenir le pardon de ses péchés.

Vous recevrez alors le don du Saint-Esprit.

C’est pour vous que Dieu a fait cette promesse,

pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin,

tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera. »

Pierre trouva encore beaucoup d’autres paroles

pour les adjurer, et il les exhortait ainsi :

« Détournez-vous de cette génération égarée, et vous serez sauvés. »

Alors, ceux qui avaient accueilli la parole de Pierre se firent baptiser.

La communauté s’augmenta ce jour-là d’environ trois mille personnes.

 

Pierre, comme les apôtres d’ailleurs, ou comme les évêques et les prêtres de l’Eglise ne sont pas propriétaires de leur peuple, de leurs « ouailles ». Pierre ne se prend pas pour le Christ. S’il a été choisi par lui comme berger, c’est pour servir l’Eglise, corps du Christ. S’il a reçu les clés du Royaume, c’est pour garder ouverte la porte qui mène au Christ : c’est lui l’unique pasteur et l’unique prêtre qui veille sur son Église, qui a donné sa vie pour elle et pour les hommes. Pierre, dans sa première épître, invite les responsables de l’Eglise et aussi tous les chrétiens à imiter celui qui est leur berger et qui est à leur tête. Le passage que nous lisons ce dimanche est peut-être une hymne de l’Eglise ancienne. C’est en tout cas un texte très beau qui reprend les images d’Isaïe quand il parle du serviteur souffrant, avec notamment cette phrase étonnante : « C’est par ses blessures que vous avez été guéris. »

 

Frères, si on supporte la souffrance en ayant fait le bien,

c’est une grâce aux yeux de Dieu.

C’est bien à cela que vous avez été appelés,

puisque le Christ lui-même a souffert pour vous

et vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces,

lui qui n’a jamais commis de péché ni proféré de mensonge :

couvert d’insultes, il n’insultait pas ; accablé de souffrance, il ne menaçait pas,

mais il confiait sa cause à Celui qui juge avec justice.

Dans son corps, il a porté nos péchés sur le bois de la croix,

afin que nous puissions mourir à nos péchés et vivre dans la justice :

c’est par ses blessures que vous avez été guéris.

Vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes revenus

vers le berger qui veille sur vous.

 

Depuis le Concile, le mot pastoral est employé à propos de la plupart des activités de l’Eglise : pastorale liturgique, sacramentelle, de la santé, etc. Il qualifie aussi les conseils et les équipes, et aussi toute la mission de l’Eglise. L’emploi de ce mot constitue un déplacement par rapport à la manière dont l’Eglise s’est envisagée en chrétienté. Les catholiques ne se perçoivent plus d’abord comme membres d’une administration religieuse. Ils perçoivent leur mission comme pastorale, ayant comme souci premier celui d’actualiser (signifier et réaliser) le souci pastoral qu’a le Christ de sauver tout homme et tout l’homme, et cela dans le contexte du monde où ils vivent.

 

Informations supplémentaires

 

Evangile :         selon saint Jean - Jn 10, 1-10

 

SOURCE: diocese-quimper.fr